[Billet] Violences policières contre les journalistes : Le silence troublant et indigne de Me Sidiki Kaba (Par Adama Ndiaye)
3 minutes luesDécidément, le pouvoir corrompt les âmes. Et les engagements de jeunesse voire même de toute une vie ne résistent pas à la préservation des privilèges. Me Sidiki Kaba a bâti sa réputation comme défenseur intransigeant des Droits de l’Homme aussi bien au Sénégal qu’en Afrique. Après un passage à Amnesty International, à l’Union interafricaine des Droits de l’Homme, entre autres organisations, il a été Président de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme de 2001 à 2007. Ce passé vous oblige.
Il vous oblige, même si vous êtes ministre de l’Intérieur, à ne pas fermer les yeux et à ne pas garder le silence, lorsque vos policiers, qui sont sous votre tutelle, se livrent à des exactions inqualifiables contre des journalistes.
Le Sénégal et le monde entier ont vu des forces de l’ordre molester les journalistes Absa Hane et Mor Amar. Ce qu’ils n’ont pas vu, c’est le traitement que Mme Hane dit avoir subi durant la demi-heure qu’elle a passée dans le fourgon de police : gifles, coups à la tête, coups de pied, mots désobligeants, avant qu’elle ne perde connaissance.
Des heures se sont écoulées après ces forfaits contre Mme Hane et d’autres journalistes, et votre silence devient troublant et même indigne de vous. Car si la condamnation morale ne tombe pas, on peut être sûr qu’il n’y aura pas de sanctions administratives contre les auteurs de tels actes. M. le ministre, une enquête contre ces policiers s’impose. Et lorsque les responsabilités seront situées, des sanctions doivent être prises. C’est la moindre des choses dans une démocratie digne de ce nom.
Là est justement le hic, le Sénégal n’est décidément plus une démocratie digne de ce nom. Lorsque des journalistes sont violentés en mondovision par des agents censés être les garants de l’ordre, dans le silence complice de leur ministre de tutelle, c’est que tout ne tourne plus rond dans ce pays.