27 juillet 2024

[Crime 221] Affaire Marie Claude Emonet, gérante du Just4You : Un ménage à trois qui finit dans le sang !

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[Crime 221] Affaire Marie Claude Emonet, gérante du Just4You : Un ménage à trois qui finit dans le sang !

C’était en 2008. La jet set sénégalaise est secouée par le décès de la cogérante du nightclub « Just 4 you », la Française Marie Claude Emonet. Toutes les circonstances de sa mort ne sont toujours pas connues, la principale suspecte s’étant suicidée avant le procès. Flashback !

Une nébuleuse affaire ! Devant une villa située non loin du stade Léopold Sédar Senghor, est parquée une Toyota Land Cruiser. Un stationnement inhabituel. Garée depuis la veille de cette matinée du vendredi 21 novembre 2008,  la voiture suscite la curiosité.

Les occupants de la maison ne savent guère à qui se plaindre de cette présence encombrante. Coup de chance.  Les portes du véhicule ne sont pas verrouillées. Le maître des lieux décide d’y voir plus clair. Le spectacle qui s’offre à lui est glauque. Une européenne, la cinquantaine bien sonnée, est couchée sur la banquette arrière du véhicule. Cheveux ébouriffés, la dame semble dormir, mais la couleur de sa peau qui tire furtivement au vert, laisse penser qu’elle ne respire plus.

La mort par empoisonnement

La police des Hlm Grand-Yoff et celle des Parcelles assainies ont été alertées. Quelques minutes après, la zone est sécurisée. Il s’agit bel et bien d’un corps sans vie.

De prime abord, le constat d’usage ne décèle aucun désordre, aucune goutte de sang à l’intérieur de la Land Cruiser. Sur le corps, aucune trace de blessure non plus. Par ailleurs, le téléphone portable de la victime demeure introuvable.

Finalement, le cadavre est identifié sous le nom de Marie Claude Emonet, d’origine française et résidant à la Gueule Tapée.

Le médecin légiste de l’Hôpital Aristide Le Dantec déclare un homicide. Le certificat de genre de mort établit la thèse de l’empoisonnement.

Le produit toxique en question est le peroxyde d’hydrogène, notamment. Cette substance n’est corrosive qu’après inhalation ou ingestion.

Elle a été retrouvée en grande quantité  dans l’organisme de la victime, causant ainsi, une importante formation de mousse. Laquelle a finalement engendré une asphyxie immédiate.

La police centrale hérite du dossier. La piste d’un meurtre avec préméditation est privilégiée.  Le coupable a sûrement voulu éviter toute suspicion allant à son encontre, d’où le choix d’utiliser un poison. Mais, comme on dit, « un crime n’est jamais parfait ».

Aïda Camara se suicide en détention: « ‘’Pardon mon mari, pardon mes enfants’’ ».

D’ailleurs, 72h après la découverte macabre, les enquêteurs sont à la recherche d’un suspect. Un revendeur de téléphones, au marché de Colobane est interpellé suite à une réquisition téléphonique.

«Hier, dans l’après-midi,  un collègue m’a  ramené  un client. Ce dernier souhaitait vendre un téléphone. Après marchandage, nous sommes tombés d’accord sur le prix et je l’ai pris. Lui aussi a acheté un nouveau téléphone dans ma boutique avant de partir», relate-t-il.

Remontant les informations, la police technique réussit à localiser une certaine Aïda Camara, sœur du client en question. Elle est interpellée.

La mise en cause confie aux policiers tous les détails de l’assassinat de l’associée de son beau-frère, Badou Bèye.

Et deux jours après son arrestation, le jeudi 27 novembre 2008, l’une des suspects du meurtre de Marie Claude Emonet, se donne la mort par pendaison dans les locaux du commissariat central de Dakar.

Sur le mur de sa cellule où elle était gardée à vue, ces mots sont griffonnés : «’’Pardon mon mari, pardon mes enfants’’». Pas plus.

Avec son foulard attaché aux grilles, les yeux bandés avec un tissu blanc, elle  rend son dernier souffle.

L’idylle entre la Française et Badou Bèye de Just4You

En fait, l’enquête révèle que Marie Claude a quitté l’Allemagne pour  venir s’installer au Sénégal. Une vieille connaissance à elle l’a fortement influencé dans ce choix. Son souhait, à ce moment-là, était d’investir dans un business rentable.

Badou Bèye lui a été alors présenté. Administrateur du célèbre bar-restaurant, le «Just4You », il accepte avec enthousiasme  de s’associer avec elle. De ce fait, Marie-Claude devient la cogérante de ce lieu très prisé par la jet-set sénégalaise.

L’entreprise, au- delà de la restauration, organise régulièrement  des soirées live avec plusieurs artistes sénégalais et étrangers.

Au fil du temps, la magie opère tant et si bien qu’entre les deux associés, une relation amoureuse s’installe. La romance battait son plein. Et c’est ainsi que Marie Claude fera la connaissance de l’autre couple Bèye : Ibrahima Bèye, grand frère de Badou, et sa femme, Aïda Camara.

Les deux couples se fréquentent régulièrement. Tantôt les retrouvailles se font autour d’une table lors des soirées mondaines, tantôt chez Aida et son mari, autour d’un dîner.  Une « amitié » naissante entre les deux femmes les rapproche de plus en plus.

Cependant, les manquements dans la trésorerie de la boîte ont installé un climat toxique dans la relation.  Et toujours d’après les proches, Badou Bèye draguait de gauche à droite, au su de tout le monde. Ne pouvant plus supporter cette souffrance, Marie décide alors de mettre fin à  cette idylle.

Abraham Pipo Diop, chanteur : «Ma relation amoureuse avec Marie n’a pas duré »

Juste après sa rupture avec Badou Bèye, Marie est retournée en Allemagne. Entre-temps, elle a fait la connaissance de l’artiste Abraham Pipo Diop qui fréquentait régulièrement le « Just4You » pour des prestations.

Il renseigne : «Je vivais chez elle en Allemagne. Notre relation amoureuse n’a pas duré. Marie Claude était devenue une bonne amie à moi. D’ailleurs, quand Badou volait dans la caisse pour aller draguer d’autres filles, c’est moi qu’elle appelait pour la consoler. Elle était éperdument amoureuse de lui, mais ce dernier n’en voulait qu’à son argent ».

Néanmoins, un bruit court désormais selon lequel  Marie Claude voit en douce le frère de son ex : Ibrahima Bèye.

En effet, les derniers coups de fil, effectués avec le téléphone de la victime, ont trahi  Aïda Camara, épouse de Ibrahima Beye. De même que les empreintes qui y ont été relevées. Une partie de celle-ci correspond incontestablement aux siennes.

Après son incarcération, la présumée meurtrière ne réfute pas les preuves accablantes qui l’accusent. Entendus séparément, Aïda Camara et Ibrahima Bèye, reviennent en détail sur la nuit du meurtre.

Aïda Camara : « Mon mari était sous le choc »

«  Ce jour-là, j’ai invité Marie Claude à dîner chez nous, à Bel Air. Vers 20 heures, elle est arrivée. Mon mari, qui ne devait normalement pas être sur place ce jour-là, a sonné à la porte quelques minutes après l’arrivée de Marie. Sa soudaine venue ne devait en aucun cas m’empêcher d’exécuter mon plan. Après le dîner, mon époux s’est retiré dans la chambre. J’en ai  profité pour ligoter notre hôte sur la chaise sur laquelle elle était assise », narre l’épouse.

 Avant d’avancer : « Surprise,  elle m’a demandé ce que je faisais. Ibrahima, sortant de la chambre, tombe sur ce spectacle. Il était sous le choc et me suppliait de revenir à la raison car j’avais un couteau à la main. Par la suite, je lui ai remis les cartes bancaires de Marie afin qu’il aille retirer tout ce qu’il y avait. Après son départ, j’ai automatiquement injecté une piqûre à celle-ci». Puis, elle ajoute : « Mon mari n’y est pour rien. Il m’a juste aidé à transporter le corps».

Ibrahima Bèye, confirmera les dires de sa femme.  Cependant, après leurs aveux, les mis en cause ont refusé de signer les procès-verbaux d’enquête de police.

Après trois retours de parquet, l’époux est placé sous mandat le 12 décembre 2008.

Devant le juge de la Cour d’assises en 2012, le sieur Bèye  regrette amèrement d’avoir porté secours à sa conjointe. «Si c’était à refaire, je ne l’aurai jamais fait, je reconnais avoir fait une erreur monumentale en l’aidant à mettre le corps dans le véhicule », se défend-il. À la question de savoir pourquoi il n’a pas empêché sa femme de commettre l’irréparable ? Il rétorque : « Je lui obéissais au doigt et à l’œil, car je voulais qu’elle détache Marie. ».

Le président de la Cour de renchérir: «  Alors si Aïda vous demandait de me tuer, le feriez-vous? Car voyez-vous, à la morgue, même si un chien meurt, on ne le traitera guère ainsi».

Ibrahima Bèye condamné à 5 ans de prison

A son tour, l’avocat général a requis 20 ans de travaux forcés contre lui. Une peine jugée sévère par les avocats de la défense dont Me Adama Guèye. Ce dernier a soutenu que son client a déjà encouru trois peines :  la disparition tragique de sa femme, le risque de ne pas voir ses enfants grandir, et un mandat de dépôt qui a duré quatre ans.

Écartant ainsi la thèse de la complicité, la défense conçoit que pour ce cas-ci, il serait plus plausible d’évoquer la non-assistance à une personne en danger.

Rendant son verdict, la Cour d’Assises a condamné l’accusé à cinq (5) ans de prison ferme pour extorsions de fonds et à payer 10 millions de F CFA à Stéphane Mars, seul héritier de Marie Claude Emonet. Lui qui a rapatrié le corps en France en vue de son inhumation.

Abraham Pipo Diop de confesser : « La fortune de Marie attirait les croqueurs de diamant. Elle était très généreuse malgré le fait qu’elle était très souvent arnaquée. L’annonce de sa mort m’a trouvé au Casino (une boîte de nuit nichée à Dakar) et j’ai pleuré comme un enfant. De toute ma vie, je n’avais jamais autant pleuré ainsi ».

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