7 octobre 2024

Sonko à l’Ucad : la part de vérité du rectorat

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Sonko à l’Ucad : la part de vérité du rectorat

Le passage du Premier ministre Ousmane Sonko à l’Ucad a fait du bruit auprès de la communauté universitaire. Beaucoup se demandent s’il s’agit d’une conférence ou d’un meeting et la responsabilité du recteur est questionnée. Son porte-parole, professeur Mbaye Thiam, apporte des précisions sur la mise à disposition de la salle, la présence du recteur ainsi que les incidents lors de son discours.

Le premier ministre Ousmane Sonko a tenu une conférence à l’Ucad avec Jean Luc Mélenchon. Certains pensent que c’était un meeting à l’heure où la politique est interdite dans le campus ; ils s’interrogent sur la responsabilité du Recteur. Que répondez-vous ? 
Comme vous l’avez rappelé l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a accueilli jeudi 16 mai une conférence du Premier ministre du Sénégal Ousmane Sonko, co-animée avec son hôte, monsieur Jean-Luc Mélenchon. Le sujet annoncé par les organisateurs portait sur « les relations entre l’Europe et l’Afrique ». Dans le contexte géopolitique africain et même mondial, un tel sujet intéresserait les acteurs de toutes les universités, donc l’UCAD. Les différentes composantes de l’UCAD se sont donc mobilisées pour accueillir le premier ministre Ousmane SONKO dont c’était la première sortie publique depuis sa nomination ainsi que son hôte. 
La demande faite à l’UCAD était d’autant plus recevable que ce genre de manifestation figure dans l’agenda de toute université respectable, sous le chapitre de l’animation scientifique et culturelle. Elle provenait par ailleurs de l’État et non d’un quelconque parti politique.
Toutefois, ce qui devait être une activité républicaine s’est transformé en meeting politique dès lors que M. SONKO, au moment de prendre la parole, a fait observer qu’il s’exprimait en sa qualité de responsable d’un parti politique. De plus, le grand amphithéâtre de l’UCAD 2 a été très tôt pris d’assaut par des militants dont la qualité d’étudiant n’est pas forcément établie, excluant l’accès à la salle à beaucoup d’étudiants qui voulaient participer. Ce qui a naturellement créé beaucoup de frustrations parmi les membres de la communauté universitaire (étudiants, enseignants comme PATS).
Je précise que c’est de manière officielle que les instances compétentes de l’Université ont été saisies par les services de l’Etat, et que la salle a été mise à la disposition du Premier ministre du Sénégal qui représente en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances l’État du Sénégal. Ceci relève non seulement d’un principe intangible de notre administration publique mais également d’une tradition bien établie au sein de l’université depuis sa création. Si dans cette affaire une faute a pu être commise, elle ne serait certainement pas imputable au rectorat. Toutes les règles et procédures gouvernant l’affectation de l’amphithéâtre ont été rigoureusement respectées. 
Il y en a qui se demandent aussi ce que le recteur est allé faire dans cette conférence. Pensez-vous qu’il avait sa place là-bas ?
La présence du Président de la République ou du Premier Ministre sur le campus oblige le Recteur à lui dérouler le protocole académique (accueil par le Conseil restreint de l’université, allocution de bienvenue, etc.). Le recteur de l’UCAD se devait d’être présent aux côtés du premier ministre pour une conférence à l’adresse de la communauté et particulièrement des étudiants.
Justement une partie du public a voulu empêcher le recteur de prononcer son discours de bienvenue et il a fallu l’intervention du premier ministre Ousmane Sonko pour calmer la situation. Comment appréciez-vous ce qui s’est passé ?  

C’est une attitude particulièrement déplorable dans une université. Il est en effet inadmissible de vouloir empêcher le recteur d’assumer le rôle imparti à lui par l’État du Sénégal d’une part et d’autre part  par sa fonction de premier responsable de l’université. Le danger que présentent de tels actes est aussi grave que celui auquel l’Ucad a été exposée avec les violences physiques qui, depuis quelques années,  menacent gravement la sécurité des membres de la communauté universitaire, dans leurs personnes comme dans leurs biens.
Ce qui s’est passé est l’expression d’un esprit d’intolérance incompatible avec les valeurs et missions de l’Université. De telles manifestations risquent, si l’on n’y prend garde, de précipiter le déclin de l’université.
Partout à travers le monde, les institutions universitaires qui se respectent veillent tout à la fois à garantir à leurs membres l’autonomie académique nécessaire pour satisfaire la quête des différents savoirs, les entretenir et les diffuser. Les universités sont à cet égard des espaces où la liberté intellectuelle des membres est garantie, et le devoir d’objectivité, de tolérance et de mesure assuré à tous. Lorsque l’Université cesse d’assurer sa mission particulière et constante de sauvegarde de l’objectivité du savoir et la libre expression des pensées et des opinions, elle est condamnée à la déchéance.
Sous le rapport de ces observations et de la tournure des évènements, nous déplorons ce qui s’est passé et espérons que les prochaines séquences d’animation scientifique et culturelle à venir se dérouleront dans de meilleures conditions.

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